lundi 26 mai 2008

Quelle connerie la guerre !

Au diable le palmarès du Festival de Cannes ! Revenons sur le film le plus important et le plus original de la sélection officielle Waltz with Bashir qui mérite mieux que l’appellation de dessin animé documentaire. Son auteur, Ari Folman raconte de la manière la plus réaliste possible, ses efforts désespérés pour se souvenir de ses 20 ans. Mobilisé par l’armée israélienne, il a participé à l’invasion du Liban en 1982. Cauchemars intimes, hallucinations, comment rendre des souvenirs gommés ou transformés ? « La guerre est irréelle, la mémoire retorse » constate sobrement le réalisateur qui se demande pourquoi il a voulu ne pas voir.
Enfant de survivants de la Shoa, Folman veut de toutes ses forces montrer ses cauchemars, reconstituer la réalité de « sa » guerre. Plutôt qu’une fiction à la Platoon ou un documentaire à base d’archives, il a eu le génie de comprendre que seul le film d'animation pouvait raconter l’innommable. Les commentaires peu évolués de certains critiques pourraient nous faire accroire qu’il s’agit d’un film anti-Israël, alors qu’il s’agit d’un film anti-guerre où l’on voit de jeunes gens insouciants manipulés par des politiciens cyniques plonger dans la pire des situations : la guerre.
Après quatre ans de travail et un budget misérable, le film était retenu pour la compétition officielle de Cannes. Le succès du film repose sur le dessin réaliste et élégant du dessinateur David Polonsky. Féru de bandes dessinées, inspiré par des œuvres comme Bosnian War de Joe Sacco, il a su mettre en images les rêves, les visions et la réalité vécue par un petit groupe de jeunes soldats lâchés sur le champ de bataille.
Autre clé de l’intérêt de ce film, le génie de l’animation flash de Ari Folman réputé pour travailler à une cadence qui n’a plus rien d’humain. La musique quant à elle joue un rôle important. Elle est due au compositeur Max Richter considéré comme l’un des plus doués de sa génération. Un bon aperçu de son travail nous est proposé sur MySpace. Quels sont les projets de Yoni Goodman désormais ? Réaliser l’adaptation cinématographique du roman de science-fiction du polonais Stanislas Lem intitulé The futurological congress d’ailleurs traduit en français.

mercredi 21 mai 2008

Wikipedia pour espions

Images satellitaires fournies par Google, logiciels inspirés par Wikipedia, blogs, la CIA et les autres organismes de renseignements US utilisent aujourd’hui à plein toutes les possibilités du Web 2.0.
L’avancée la plus impressionnante est certainement le lancement d’
Intellipedia qui rassemble 80000 experts du renseignement sur un rése au secret où 5000 dossiers sont édités par jour avec la possibilité de compléter ou de corriger les données diffusées. Un de ses dirigeants en a fait une excellente présentation (audio et power-point).
David Girourard, vice-président de Google, a récemment reconnu que des milliers de fonctionnaires fédéraux utilisent régulièrement les services d’images de Google earth et les techniques de recherche liées. Un service du type Youtube pour espions vient d’ailleurs d’être lancé.
Ce mouvement de fond irrigue toute la communauté du renseignement qui se réadapte en permanence comme
le démontre l’un des spécialistes du domaine de la CIA. Des colloques ouverts à tous débattent de sujets longtemps secrets tels New Wags of Knowing avec les dernières technologies du web ou the US Intelligence Community : who does what, with what, for what ? Il existe même un blog public sur Intellipedia qui s’efforce de rassembler toutes les informations existantes sur le fonctionnement de ce service top secret !
Alors qu’Intellipedia vient
de fêter son second anniversaire, la vitesse de développement du réseau ne cesse de croître, au point d’être aujourd’hui un outil essentiel de la suprématie américaine.

mardi 6 mai 2008

Photos trouvées


Photos perdues, photos vendues, photos jetées, elles nous attendent sur une brocante, au fond d’un tiroir inexploré. Les frustrés du numérique, les nostalgiques de l’argentique adorent ces traces d’un passé qui nous paraît déjà lointain. Classées puis numérisées, les photos trouvées alimentent de nombreux sites Internet qui leur sont entièrement dédiés aux Etats-Unis. 617 photos sur ce site ou sur celui-là plus américain. L’émotion n’est jamais loin avec l’étonnant récit en images de la vie d’une fille entre 1936 et 1970. Une vie d’inconnue, quelle chose étrange ! Vous pouvez même trouver un site qui ne publie que des photos non tirées extraites des entrailles d’appareils hors d’usage. Toutes ces images alimentent les imaginations et donnent lieu à des productions telles le documentaire « Other’s people pictures » et à des livres dont celui de l’universitaire Michel Forizot.
Mais
la plus belle histoire de photos trouvées nous vient d’Egypte. Dans le désert, un guide touristique découvre une sacoche militaire pleine de correspondances et de photos. Elle a été perdue en 1943 par l’estafette Alec Ross. Grâce à la BBC, le guide Khaled Makram retrouve la sœur de Ross et lui remet les affaires personnelles de ce dernier, mort trois ans plus tôt.
Les photos trouvées ne sont pas uniquement des fragments d’histoire, elles peuvent servir aussi de matériel de base à des créateurs. Le plasticien Thomas Lelu a publié chez
Léo Scheer un « Manuel de la photo ratée ». Un petit chef d’œuvre d’humour. L’artiste Christian Boltanski joue à plein des émotions que nous pouvons avoir face à des photos d’inconnus avec « L’album de la famille D » dans lequel il reprend une phrase de Roland Barthes « d’un corps réel qui était là sont parties des radiations qui viennent me toucher, moi qui suis ici, peu importe la durée de la transmission photographique de l’être disparu, elles viennent me toucher comme les rayons différés d’une étoile. » Boltanski pioche dans un fouillis de près de 10000 photos, négatifs, positifs, photos découpées au gré de son inspiration.

Si vous aussi vous voulez « jouer » avec les photos trouvées, exercez-vous à partir du site de partage de photos
Flickr des centaines de milliers de photos sont proposées à la communauté, une vraie mine d’images de la société du XXI° siècle.