mardi 22 juillet 2008

Peinture et expertise digitale

Qui n’a jamais vu opérer un expert en tableau a du mal à imaginer comment la culture, l’expérience, l’intuition peuvent se combiner et permettre à l’expert, d’un coup d’œil, d’authentifier une œuvre.
Aujourd’hui la digitalisation de l’image permet d’ajouter un élément scientifique à cette expertise.
Hany Farid travaille depuis 10 ans sur cette question. A partir de photographies en haute résolution de tableaux, le scientifique utilise des algorithmes de compression pour les transformer en séquences (wavelets) Son expérience la plus spectaculaire a été faite sur une œuvre de Perugino « La sainte vierge et l’enfant ». Après avoir converti en gris l’image digitalisée, Farid a comparé l’œuvre à d’autres tableaux du maître dont il avait un large échantillon qui lui permettait d’avoir une espèce d’empreinte digitale de son travail de peintre. C’est ainsi qu’il apparut que le maître n’avait réalisé qu’une partie de l’œuvre, laissant à ses élèves les parties les plus faciles comme il était d’usage dans les ateliers. Cette expertise confirme les travaux de plusieurs experts en tableaux qui avaient identifié un certain nombre de saints de la composition comme n’étant pas du maître.
Quelques mois plus tard la même méthode fut utilisée sur un ensemble de dessins de Pierre Brugel l’ancien. Huit dessins furent authentifiés et cinq analysés comme copie de l’époque.
Plusieurs experts manifestent leur intérêt pour cette technique mais Laurence Kanter du Metropolitain de New-York eut cette phrase assassine « Vous pouvez calculer avec votre cerveau sans l’aide d’une machine. Tout repose dans l’interprétation d’évidences. »

dimanche 13 juillet 2008

Le choc des images

Après la lutte permanente entre les blindages les plus résistants et les obus les plus performants, la guerre, quand il s’agit de l’information se passe sur un autre plan la photographie. Les petits génies de Photoshop truquent les photos et d’autres génies démasquent les supercheries.
Dernier épisode cette semaine. La plupart des grands media américains ont reproduit en une la photographie du
lancement de 4 missiles par l’armée iranienne. Un examen attentif de la photographie permet d’observer que deux missiles sont semblables à tout point de vue, il s’agit en fait d’un même missile reproduit 2 fois. Interrogée, l’Agence France Presse a déclaré que la photographie avait été prise sur le site Internet de Sepah News, organe de propagande des gardiens de la révolution islamique. Un peu plus tard, l’AFP retirait la photographie de son service et Associated Press diffusait la même photo mais avec 3 missiles ! Et là tout devenait clair. On comprenait que le 4ème missile avait été rajouté pour masquer la panne d’un missile qui n’était pas parti de sa ramper de lancement. Un incident délicat pour un pays qui veut montrer sa force et dissuader Israël de l’attaquer !

Le meilleur spécialiste capable de détecter une falsification photographique à coup sûr s’appelle Harry Farid. Lors d’un
documentaire publié par PBS, il s’est exercé à trier entre 10 photos, certaines truquées et d’autres authentiques. Essayez-vous même, c’est plus difficile qu’il n’y paraît. Harry Farid a expliqué que les capacités de logiciels comme Photoshop de truquer des photographies avait des conséquences inattendues. Ainsi la justice américaine ne reconnaît plus les photographies pédophiles comme preuve de délit puisqu’elles peuvent être truquées. C’est pourquoi le chercheur travaille avec le FBI pour créer un logiciel capable d’identifier rapidement si une photographie a été manipulée. Voilà qui permettra de trier le vrai du faux. Le truquage photographique est né avec la photographie comme le montre cet échantillon pris sur plus d’un siècle.