mardi 4 août 2009

Clinton à Pyongyang, une visite qui tombe bien.

A bord d’un avion parti d’Anchorage, Alaska, Bill Clinton est arrivé en Corée du Nord, officiellement pour négocier la libération de deux journalistes américaines arrêtées alors qu’elles tentaient de pénétrer clandestinement dans le pays. En fait il s’agit du début d’une négociation globale avec la Corée du Nord qui, depuis plusieurs mois, multiplie les démonstrations de forces militaires et exige de discuter directement avec Washington son statut de puissance nucléaire. Des négociations critiques alors que le dirigeant suprême du pays, Kim Jong Il, se remet mal d’une congrestion cérébrale soignée par un médecin français. Son fils cadet devrait lui succéder dans des conditions exceptionnelles comme tout ce qui se passe dans cet étrange pays qu’est la Corée du Nord.

Chaque citoyen du pays sait qu’en 1942, à la naissance de leur leader actuel Kim Jong Il, un double arc en ciel est apparu au dessus de la montagne sacrée du pays, le mont Paedku. Un soldat de l’armée de son père, le fondateur du pays appelé le Grand Leader Kim IL Sung, grava sur un tronc d’arbre "Oh Corée, j’annonce la naissance de l’étoile de Paedku." L’enfant grandit dans l’ombre de son père vivant pleinement toute la difficulté d’être le fils de Dieu. A sa mort, le père fondateur fut momifié, installé dans l’immense palais de Kumsusan et nommé "Président pour l’éternité". En tant que descendant direct son fils lui succéda mais ce ne fut pas sans mal ! Le ministre des Affaires Etrangères dut déclarer : « le cher Leader (Kim Jong Il) est le Grand Leader (Kim Il Sung) et le Grand Leader est le Cher Leader » et le Parti de lancer un nouveau slogan « Kim Il Song est Kim Jong Il. » Pour assurer sa descendance, le jeune Kim Jong Il épousa plusieurs femmes qui lui donnèrent des fils et des filles. Leur nombre exact divise les rares experts du pays le plus secret de la planète mais tous s’accordent sur l’identité de son fils aîné King Jong Nam. Un temps présumé héritier, il perdit l’estime de son père en multipliant les voyages en occident. Arrêté à l’aéroport de Tokyo avec un faux passeport de la république dominicaine, il expliqua benoîtement qu’il voulait se rendre à Disneyland. Et la presse internationale de se gausser à la grande fureur du cher Leader. Son second fils Jong Chol est considéré comme trop efféminé pour jouer un rôle de leader, toute l’attention s’est donc portée sur le cadet nommé Kim Jong Un.


C’est le fils de la troisième femme du Cher Leader, la danseuse Ko Yong Hi, morte il y a quelques années d’un cancer du sein, ce qui a beaucoup peiné son mari. Le premier à avoir parlé du jeune Kim Jong Un est un cuisinier japonais qui a travaillé pour Kim Jong Il. Il nous le décrit comme un garçon très vif qui adore lui voler des cigarettes, est passionné par le base-ball et les films de Jean-Claude Van Damme.


En 1994, un jeune nord coréen intègre une école publique près de Berne en Suisse, précisément la ville où l’ambassade de Corée du Nord est la plaque tournante des activités du pays en Europe. Sous le pseudonyme de Pok Un, le jeune qui est en fait le fils de Kim JOng Il suit le cursus normal. Ses enseignants et ses camarades s’en souviennent comme d’un jeune homme sympathique mais réservé qui bluffait ses amis avec ses modèles de Nike dernier cri. Passionné de base-ball, il dessine pendant des heures des portraits de Michael Jordan et se révèle sur le terrain un joueur plein de fougue. Puis, comme il était arrivé, le jeune homme disparu en pleine année scolaire. La CIA pense qu’il a ensuite intégré une formation politico-militaire au sein de l’armée nord-coréenne.


Depuis les ennuis de santé de son père, le nom de Kim Jong Un apparaît de lus en plus dans les discours officiels, les écoles de Pyong Yang chantent ses mérites et de nouveaux slogans se répandent dans l’armée : "avec tout notre cœur nous protègerons Kim Jong Un le jeune général, le général du petit matin, l’héritier du sans de Paedku." Kim Jong IL s’appuie d’abord sur l’armée à qui il doit donner des gages pour assurer sa succession, c’est pourquoi le pays multiplie les lancers de missiles et poursuit son programme nucléaires. Le jeune héritier restera-t-il dans cette tradition d’agressivité ou bien sera-t-il influencé par les cours sur l’histoire de la démocratie suisse qu’il a suivis pendant trois ans. L’ex-président américain va-t-il rencontrer le jeune héritier ? Le voyage de Clinton est-il la première étape du dégel d’un pays replié sur lui-même persuadé d’être attaqué d’un jour à l’autre par ses voisins ?


La réponse à ces questions conditionne l’évolution d’une des zones les plus instables de notre planète.