jeudi 19 novembre 2009

La politique anti-terroriste d’Obama (IV)

Soumis à une forte pression de ses militaires pour envoyer au moins 40000 soldats supplémentaires en Afghanistan, Obama ne s’y résout pas car la guerre, qui coûte très cher, est de plus en plus impopulaire aux Etats-Unis et le gouvernement afghan, incompétent et corrompu, décrédibilise l’intervention des troupes internationales.

La démission fracassante d’un officier supérieur des marines, Mathiew Hoh, a contribué à répandre l’idée que la guerre ne pouvait pas être gagnée. Le seul élément positif de sa lutte contre Al Qaïda et ses alliés est aujourd’hui remis en cause. Les drones Predator équipés de missiles risquent de ne plus pouvoir opérer librement dans le ciel pakistanais !


Lors de son récent voyage au Pakistan, Hillary Clinton a été rudement interpellée par de femmes d’affaires du pays qui lui ont demandé si elle qualifiait de « terrorisme » les attaques des drones américains. Elle répondit qu’elle ne voulait pas entrer dans les détails sur les opérations de la CIA et ses interlocutrices lui expliquèrent que dans certaines provinces du Pakistan c’était le 11 septembre tous les jours.


Une dernière estimation (19 octobre 2009) de la New American Foundation donne environ 1000 victimes pour 82 attaques de drones. Vingt leaders d’Al Qaïda ont ainsi été tués, environ 500 militants et 300 civils ce qui fait un pourcentage de 33 % de victimes civiles.


Si l’administration Obama a intensifié les frappes de drones c’est parce que les zones tribales du Pakistan servaient de centre d’entrainement international, les organisateurs des attentats de Londres en 2005 venaient de là. Mais cette intensification soulève de nombreux problèmes, d’abord la proportionnalité entre l’intérêt militaire des cibles exécutées et les victimes innocentes tuées. N’y a-t-il pas d’autre moyen d’attaquer Al Qaïda ? Il faut ensuite savoir comment sont décidées et exécutées les attaques de drones qui ne sont pas gérées par des militaires mais par la CIA et les sociétés privées qui contractent avec elles, telles Blackwater. Il n’y a donc plus de contrôles d’actions militaires par le pouvoir exécutif mais des programmes totalement secrets qui opèrent sans témoins avec le risque de dérapages graves.


D’ores et déjà, le Talibans du Pakistan expliquent que la multiplication des attentats suicides est une réponse aux attaques des drones. Autre conséquence, ces attaques amènent les extrémistes à se disperser dans tout le pays, exaspèrent l’opinion publique pakistanaise révoltée par ces opérations qualifiées de « guerre de lâches » ce qui affaiblit l’autorité déjà fragile du gouvernement.


Les députés et les sénateurs américains n’osent toujours pas remettre en question les opérations secrètes d’Obama mais la commission de l’ONU sur les exécutions arbitraires vient de prendre publiquement à partie l’administration américaine. Son rapporteur spécial, Philippe Aston estime que cette politique d’exécutions ciblées par drones interposés ne repose sur aucune base légale. Le gouvernement américain ne peut mener un programme secret de cette ampleur sans rendre des comptes à la communauté internationale au risque de voir cette pratique se généraliser.