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L’état le plus secret de la planète est train de connaître une mutation en profondeur. Alors que les relations avec le nouveau gouvernement de droite en Corée du Sud se rafraîchissent, les dirigeants de Pyongyang essaient visiblement de développer leurs infrastructures avec l’aide de partenaires étrangers. Premier partenaire, la multinationale égyptienne Orascom créée par la milliardaire Onsi Sawiris dont les trois fils dirigent les secteurs construction, télécommunications et hôtels. En juillet 2007, le groupe a investi 117 millions de dollars dans la cimenterie de Sang non, en prévision d’un boom de la construction. Plus étonnant, Orsacom Telecommunication vient d’obtenir l’exclusivité du montage du premier réseau de téléphonie mobile 3G en Corée du Nord. Ce sont les dirigeants militaires et civils du pays ainsi que les organismes internationaux présents dans le pays qui sont les premiers clients visés par ce service. Dans un des pays les plus policiers de la planète, l’événement est notable même si les 25% pris dans le réseau par les PTT nord coréens leur assurent un contrôle politique et technique. Orascom est habitué à ce genre d’environnement difficile puisqu’il gère la téléphonie mobile en Algérie, en Tunisie et au Zimbabwe…
Le pari est risqué car la Corée du Nord a déjà ouvert un réseau de téléphonie mobile en 20004 qu’elle a brutalement fermé quelques mois plus tard. La police nord coréenne venait d’enquêter sur un attentat dans la gare de Ryonchon qui fit 160 victimes. L’explosion qui s’est produite deux heures après le passage du train du « cher dirigeant » Kim Jong-Il aurait été déclenchée par un téléphone portable.
Il en faudrait plus pour décourager les entrepreneurs égyptiens qui ouvrent également, en partenariat avec la Banque d’état, une Orabank à Pyongyang et envisagent très sérieusement d’achever la construction du fameux Ryughong Hotel. Portant le nom ancien de la capitale nord coréenne (la capitale des saules), l’hôtel fut construit en 1987 mais la gigantesque pyramide en béton de 330 mètres reste inachevée au centre de la ville. La carcasse qui ressemble un peu au projet de Delanoë pour la porte de Versailles, est la honte du régime qui l’efface des photos officielles et le bonheur des étudiants en architecture du monde entier qui lancent régulièrement des concours pour sa réhabilitation. Miracle, depuis quelques semaines, on pose des vitres sur la pyramide alors que plusieurs experts annonçaient que la structure en béton était trop corrodée pour être encore utilisée. Le groupe Orascom se serait attelé à la finition du bâtiment représentant 7 restaurants et 3000 chambres. Une date explique ce remue ménage, date à laquelle la tour doit ouvrir : le 15 avril 2012 qui, comme chacun devrait le savoir, est la date du 100ème anniversaire de la naissance de l’immortel dirigeant Kim Il-sung, le fondateur de la Corée du Nord communiste.
Depuis 2006, une gigantesque enquête menée par les autorités judiciaires allemandes et américaines a mis à jour un système de pots de vin particulièrement sophistiquée mis en place par la société Siemens (télécoms et travaux publics) pour gagner des contrats dans le monde entier. Une occasion unique de comprendre les ressorts cachés du grand commerce international. Siemens a rompu le 11ème commandement " Ne pas se faire prendre".
Tout a commencé avec l’arrestation d’un cadre de Siemens, Reinhard Siekazek, chargé de gérer les enveloppes à remettre aux décideurs des appels d’offre que Siemens voulait gagner. L’homme dont l’intégrité personnelle n’a jamais été discutée, coopère aussitôt avec les enquêteurs et explique comment il y avait chaque année environ 50 millions de dollars de pots de vin programmés. Exemples de sommes versées : 5 millions de dollars pour le fils du premier ministre du Bangladesh, 12,7 M$ pour des officiels nigérians, 40 M$ pour gagner en Argentine un contrat d’un milliard de dollars censé mettre en place un système de production d’une carte nationale d’identité. 4 millions de dollars en Chine pour vendre de l’équipement médical, 18 M$ pour avoir le contrat de deux réalisations de métro au Venezuela.
D’après la division des enquêtes de la SEC (Security and Exchange Commission), ces pots de vin représentent une somme totale de plus d’1,4 milliard de dollars distribués à des officiels dans le monde entier. En interne, les pots de vin étaient appelés NA, abréviation allemande de Nutzliche Aufwendungen, littéralement "l’argent très utile".
Cet argent était mis sur des comptes en Autriche, au Liechtenstein et en Suisse. Des sociétés de couverture ont été créées par une holding suisse avec des comptes à Dubaï et dans les Iles Vierges. Les pots de vin étaient distribués par l’intermédiaire de sociétés locales de "consultants" et les enquêteurs ont mis à jour plus de 2700 "business consultant agreements" autant de contrats de corruption avec une moyenne de pots de vin de 6% du contrat total mais parfois un pourcentage de corruption atteignant 40%.
Ce qui est étonnant dans cette affaire, ce sont les proportions qu’elle a prises. Plus de 200 perquisitions en Allemagne seulement, des enquêtes dans le monde entier et au final, une amende record pour l’entreprise : 1,6 milliard de dollars d’amendes en Allemagne et aux Etats-Unis auquel il faut ajouter un milliard de dollars d’enquêtes internes et de réformes. L’effort accompli peut être mesuré en lisant la dernière brochure de Siemens France qui traite de la lutte contre la corruption.
Walter Frentz et Leni Riefenstahl sur un tournage.
En publiant L'œil du IIIe Reich, les éditions Perrin mettent à disposition du lecteur français, un formidable travail de documentation et d’analyse sur le travail de Walter Frentz, le photographe-cameraman préféré d’Hitler. Un personnage hors du commun, athlète de 1,93 m qui devint un virtuose de la prise de vue en filmant les compétitions de kayak dont il était passionné. Sans état d’âme, il accepta ensuite de suivre la réalisatrice Leni Riefenstahl pour tourner en 1933 un film sur le congrès du parti nazi à Nuremberg. Il entra ainsi de plein pied dans l’intimité des dignitaires nazis qu’il suivit jusqu’en 1945. Il réalisa des images mémorables des campagnes militaires mais aussi de l’intimité d’Hitler et de son entourage dans le « nid d’aigle » du Berg Hof. Autorisé à photographier même dans les zones interdites, il réalisa des photos effrayantes des « voyages d’étude » d’Himmler sur le front de l’est et fit même un reportage sur la construction des V2 dans le camp de concentration usine de Dora. Ces images, qui peuvent exciter une fascination morbide sont analysées et remises dans leur contexte grâce au travail que lança le propre fils de Walter Frentz, Hann-Pieter, qui ouvrit ces archives à onze historiens de qualité dont Fabrice d’Almeida écrit : » l’apparente simplicité de ce corpus visuel en dit long sur l’aveuglement dont sont capables les gens de presse et de culture (…) Ce livre pèse lourd pour qui cherche à comprendre l’histoire du temps présent. Il présente un projet visuel qui s’inscrit dans une longue durée du rapport entre les formes artistiques et la fabrication du sujet politique. »
Hitler toujours avec l’étonnante histoire de sa bibliothèque raconté par l’historien Timothy Ryback. Dans un long article d’Atlantic Monthly, il raconte sa découverte des livres confisqués du dictateur, conservés à la Librairie du Congrès, 12000 ouvrages rescapés d’un ensemble de 16000.
Dès son enfance, Adolf Hitler lut et collectionna les livres, romans épiques comme ceux de Karl May, traités militaires, ouvrages mystiques. Afin de le distraire lors de son incarcération en 1924 pour avoir fomenté un coup d’état contre le gouvernement allemand, il reçoit un ouvrage de Goethe d’une admiratrice qui n’est autre que la fille de Wagner… Douze ans plus tard, c’est Leni Riefenstahl qui lui dédicace une édition précieuse de Fichte. A la fin des années 30, les historiens estiment qu’il recevait 4000 livres par an, ceux qui sont conservés à Washington restent une source précieuse pour essayer de comprendre le cerveau le plus destructeur du XXe siècle.
L’élection d’Obama délie les langues de ceux qui ont mené la guerre contre le terrorisme sous la direction de George Bush. Le chef du Commando des forces spéciales américaines chargées de traquer Ben Laden après l’invasion de l’Afghanistan vient de sortir un livre choc qui fait sensation aux Etats-Unis titré "Tuez Ben Laden".
La mission fut donnée à un commando "Delta Force", l’unité la plus secrète de l’armée. Une cinquantaine d’Américains armés jusqu’aux dents, habillés en combattants afghans, portant barbes et turbans, soutenus par des miliciens afghans et paramilitaires de la CIA, étaient chargés de tuer Ben Laden sans signer leur action. Grâce aux repérages radio faits par la CIA, Ben Laden est localisé dans les montagnes bordant le Pakistan, un endroit nommé Bora-Bora.
Lors d’une émission spéciale "60 minutes" de CBS, Dalton Fury, chef du commando raconte comment le projet d’attaquer la troupe de Ben Laden par l’arrière en venant du Pakistan fut refusé par le haut commandement, tout comme le projet de miner la vallée par laquelle le groupe Al Qaida pouvait s’enfuir. Une décision prise par la tutelle du commando, le Socom et le JSOC qui sont en liaison constante avec la Maison Blanche. Le lendemain, le groupe Delta se trouve à moins de 2000 mètres du camp terroriste mais les mercenaires afghans censés l’appuyer lui font défaut et battent en retraite. Ils ne peuvent pas prendre d’assaut un campement d’environ 2000 militants. C’est le moment que choisit le Général Ali, chef des alliés afghans, pour annoncer au groupe Delta qu’un cessez-le-feu vient d’être établi avec Al Qaida. Malgré ces revers, les Américains repèrent un groupe de 50 militants qui se dirigent vers une grotte. Ils réussissent à faire intervenir l’aviation qui bombarde l’objectif pendant plusieurs heures. Six mois plus tard, des soldats américains et canadiens viennent fouiller les décombres, faisant sauter à l’explosif les grottes obstruées par les gravats. Ils identifient de nombreux corps mais aucun ne correspond au signalement de Ben Laden. Si Dalton Fury a décidé de braver la loi du secret et de révéler comment Ben Laden lui a échappé, c’est pour calmer sa frustration et interroger publiquement les dirigeants de l’époque sur leurs errements. Pourquoi avoir laissé Ben Laden s’échapper ?