Si Edward Snowden est en Russie c’est parce que le
gouvernement américain a annulé son passeport et fait pression sur les pays d’Amérique
latine qui étaient prêts à l’accueillir. De Moscou, la parole du lanceur d’alerte
a moins de portée, elle peut facilement être mise en doute comme celle d’un
homme protégé par Poutine, autocrate guère populaire dans le monde.
Certains journaux américains vont plus loin, rappelant que
Julian Assange et Wikileaks ont été défendus par Moscou. Sean Wilentz du New
Republic confirme que c’est une envoyée de Wikileaks, Sarah Harrison qui a
organisé la fuite de Snowden. Traqué à Hong-Kong, ce dernier a négocié avec le
consulat russe son départ pour Moscou sur un vol Aeroflot. Il est certain que ce vol n’a pu être organisé qu’avec
l’accord de Poutine, mais peut-on pour autant faire de Snowden un pion manipulé
habilement par Moscou ?
La thèse d’un Snowden instrumentalisé par la Russie est bien
utile à Barack Obama puisque la parole du lanceur d’alerte est alors frappée d’opprobre,
ses révélations considérées comme autant de mauvais coups contre les Etats-Unis
et ses institutions démocratiques.
Lors d’un dernier entretien par mail avec le New-Yorker,
Snowden a réagi aux propos du sénateur républicain Mike Rogers, l’accusant :
« d’être un voleur qui a sans doute bénéficié d’une aide extérieure ».
« J’ai agi clairement et sans ambigüité, sans aucune aide extérieure »,
rappelant qu’il est resté bloqué un mois à l’aéroport de Moscou et qu’un espion
aurait été mieux traité. Sur un plan personnel, Snowden a réaffirmé qu’il
savait parfaitement ce qui l’attendait quand il a fait ses révélations et qu’il
ne regrette rien, même s’il devait finir sa vie dans une grotte.
« Au moins, maintenant, l’opinion publique américaine a
une place la table pour discuter de ses libertés. »
Le 23 janvier, il a répondu à des questions des internautes
lors d’un forum organisé par l’association ‘Courage Foundation’.
Les menaces qui pèsent sur sa vie ne l’intimident pas et il
n’a pas de regrets puisqu’il estime que ce qu’il fait est juste. Pour Snowden,
la surveillance massive que pratique la NSA est attentatoire à la liberté, elle
modifie nos comportements et nous installe dans la peur en rendant possible un
contrôle a posteriori de nos activités. C’est au niveau international qu’il
faut préparer une loi internationale et des standards techniques assurant une
réelle protection de nos communications.
Snowden estime également que le mieux pour lui serait de
retourner aux Etats-Unis mais il en est empêché par l’inculpation qui pèse sur
lui. Sur l’avenir de son pays, il conclut : « ce qui rend les Etats-Unis
forts, c’est la croyance en ses valeurs et non pas l’activité de ses services
secrets. Nous pouvons amender les lois existantes, empêcher les excès des
agences et tenir leurs responsables comptables des fautes qu’ils couvrent. »