mercredi 29 janvier 2014

Snowden et la Russie


Si Edward Snowden est en Russie c’est parce que le gouvernement américain a annulé son passeport et fait pression sur les pays d’Amérique latine qui étaient prêts à l’accueillir. De Moscou, la parole du lanceur d’alerte a moins de portée, elle peut facilement être mise en doute comme celle d’un homme protégé par Poutine, autocrate guère populaire dans le monde.
Certains journaux américains vont plus loin, rappelant que Julian Assange et Wikileaks ont été défendus par Moscou. Sean Wilentz du New Republic confirme que c’est une envoyée de Wikileaks, Sarah Harrison qui a organisé la fuite de Snowden. Traqué à Hong-Kong, ce dernier a négocié avec le consulat russe son départ pour Moscou sur un vol        Aeroflot. Il est certain que ce vol n’a pu être organisé qu’avec l’accord de Poutine, mais peut-on pour autant faire de Snowden un pion manipulé habilement par Moscou ?
La thèse d’un Snowden instrumentalisé par la Russie est bien utile à Barack Obama puisque la parole du lanceur d’alerte est alors frappée d’opprobre, ses révélations considérées comme autant de mauvais coups contre les Etats-Unis et ses institutions démocratiques.
Lors d’un dernier entretien par mail avec le New-Yorker, Snowden a réagi aux propos du sénateur républicain Mike Rogers, l’accusant : « d’être un voleur qui a sans doute bénéficié d’une aide extérieure ». « J’ai agi clairement et sans ambigüité, sans aucune aide extérieure », rappelant qu’il est resté bloqué un mois à l’aéroport de Moscou et qu’un espion aurait été mieux traité. Sur un plan personnel, Snowden a réaffirmé qu’il savait parfaitement ce qui l’attendait quand il a fait ses révélations et qu’il ne regrette rien, même s’il devait finir sa vie dans une grotte.
« Au moins, maintenant, l’opinion publique américaine a une place la table pour discuter de ses libertés. »

Le 23 janvier, il a répondu à des questions des internautes lors d’un forum organisé par l’association ‘Courage Foundation’.
Les menaces qui pèsent sur sa vie ne l’intimident pas et il n’a pas de regrets puisqu’il estime que ce qu’il fait est juste. Pour Snowden, la surveillance massive que pratique la NSA est attentatoire à la liberté, elle modifie nos comportements et nous installe dans la peur en rendant possible un contrôle a posteriori de nos activités. C’est au niveau international qu’il faut préparer une loi internationale et des standards techniques assurant une réelle protection de nos communications.

Snowden estime également que le mieux pour lui serait de retourner aux Etats-Unis mais il en est empêché par l’inculpation qui pèse sur lui. Sur l’avenir de son pays, il conclut : « ce qui rend les Etats-Unis forts, c’est la croyance en ses valeurs et non pas l’activité de ses services secrets. Nous pouvons amender les lois existantes, empêcher les excès des agences et tenir leurs responsables comptables des fautes qu’ils couvrent. »

mardi 28 janvier 2014

Signez la pétition en faveur d' E Snowden.

Le site Avaaz soutient Edward Snowden dans son action. 
Si vous êtes un défenseur de la liberté individuelle, signez la pétition et relayez-la sur Facebook.
Merci.

mardi 21 janvier 2014

L'Amérique promet d'arrêter d'espionner les dirigeants alliés.

« Nous ne pouvons pas désarmer unilatéralement nos agences d’espionnage ! »

Voilà la phrase clef du discours de Barack Obama le 17 janvier 2014, alors qu’on attendait de lui des explications sur les activités controversées de la NSA et sur les moyens d’y parvenir.  Avec un certain panache qui cachait bien son embarras, le président américain est allé jusqu’à ironiser : « nous n’allons pas nous excuser juste parce que nos services sont peut-être plus efficaces. » Il a ensuite expliqué comment il était difficile d’identifier des comploteurs cachés dans les pays les plus hostiles de la planète fonctionnant en réseaux cloisonnés ; comment il était nécessaire pour les Etats-Unis de disposer d’informations secrètes sur les intentions des différents gouvernements à travers le monde.
Sur les légitimes interrogations qui traversent l’opinion publique sur la manière dont la NSA prend en compte la vie privée des citoyens, rien ou presque malgré les sept mois de débats et d’interpellations. Seul un renvoi à des expertises complémentaires et à un avis du Congrès. Une unique chose a été promise avec fermeté : l’Amérique arrête d’espionner les communications des dirigeants qu’elle considère comme alliés. Ils sont une douzaine et la liste n’en sera pas donnée…

Dans un entretien fleuve très ouvert avec David Remnick du New-Yorker, Barack Obama a estimé le lendemain que les fuites de Snowden ont certes déclenché un débat salutaire, mais que ce débat aurait pu être initié autrement. Il est vrai que Snowden a fait des révélations qui portent un coup sévère aux activités du renseignement des Etats-Unis. Quant à ses pratiques d’espionnage, les autres pays qui font mine d’être indignés, font de même. Obama a quand même concédé que, lorsque Merckel a appris qu’elle était écoutée par la NSA, cela a signé une vraie rupture de confiance entre eux.


Aujourd’hui la communauté du renseignement se réjouit qu’Obama ait rejeté toute réforme en profondeur de la NSA, répétant que le traître Snowden, réfugié à Moscou, ne perd rien pour attendre.

lundi 6 janvier 2014

Retour sur la scène médiatique

Après deux ans de recherches entrecoupées de voyages, je reviens à mon blog qui va devenir, pour quelques mois, une publication essentiellement consacrée à l’Affaire Snowden, aux révélations sur l’espionnage mondial pratiqué par la NSA. Quand l’affaire a éclaté en juin 2013, ils ont été nombreux les vieux copains qui m’ont appelé pour me rappeler mes faits d’armes à une époque qui me parait aujourd’hui le Moyen-Age. La revue Interférences, ses articles pour lancer le mouvement des radios libres, dénoncer l’espionnage électronique et le rôle de la NSA. Et ce, en 1975 ! Et tous de me dire, tu es le seul en France à avoir l’expérience et la distance pour traiter de ce nouveau scandale, fais donc un livre là-dessus. Mon premier réflexe a été un « non » sans conviction vite balayé par l’enthousiasme de mon éditeur, François Gèze, PDG de la Découverte. Après 6 mois de travail acharné, aidé par une équipe de jeunes journalistes valeureux, le livre est prêt et il sortira à la fin du mois de janvier 2014. Redevenu pour quelques temps un grand expert de ce domaine complexe, je voudrais grâce à ce blog vous faire partager mes analyses, mes réflexions, mes prévisions tout au long de l’année 2014 au cours de laquelle les documents révélés par l’ex-analyste de la NSA Edward Snowden, continueront de nous tenir en haleine. Je prendrai également soin de suivre la bataille des journalistes indépendants afin d’informer mon lectorat sur le conflit entre la sécurité d’état et la liberté individuelle, conflit né de cette affaire Snowden. Par souci de pédagogie, je vais mettre à disposition un glossaire des principaux termes de l’univers de la NSA qui permettra de mieux interpréter la cascade des documents publiés. Soucieux d’une sécurité de l’Internet, je vais également vous proposer un petit guide des sécurités nécessaires pour surfer avec une certaine tranquillité.