mardi 18 mars 2008

Pouvez-vous nous aider ?

Internet est aujourd’hui le plus bel instrument pour utiliser les compétences de chacun, ce qu’on appelle pieusement l’intelligence collective.
La passion des amateurs éclairés et autres collectionneurs, la multiplication du temps libre autorise les institutions à lancer des appels à l’aide qui ne sont pas inutiles. La Librairie du Congrès lance un programme d’identification de photos en collaboration avec le site FLICKR. Plusieurs centaines de milliers de photographies pour exemple les années 30-40 en couleur ou les actualités 1910 sont soumises à la sagacité des internautes qui peuvent attribuer des tags quand ils identifient un lieu, un personnage en situation. La plupart de ces photos étaient jusque-là peu ou mal légendées.
Sur le même principe, le Pentagone, débordé par un trop grand nombre de dossiers saisis après la chute de Saddam Hussein, a livré ces millions de pages en arabe qui sont traduites par des centaines de volontaires. Un organisme militaire américain, le FMSO coordonne les contributeurs extérieurs.
Classique de toutes les investigations (et de tous les délires) l’assassinat de J F Kennedy suscite la passion chez des milliers d’Américains. Le quotidien Dallas Morning News a mis en ligne en février 2008 "les dossiers perdus de JFK". Il s’agit d’une armoire de documents compilés par un procureur de Dallas, Henry Wade. Vont-ils permettre d’apporter du nouveau dans cette quête sans fin pour la vérité. Rien n’est moins sûr, car le procureur travaillait aussi sur un projet de film de fiction sur les Kennedy. Le dialogue entre Oswald et Ruby est-il un compte rendu d’écoutes ou un scénario ? Ce sont les visiteurs du site, après avoir examiné des milliers de pages, qui vont trancher : un forum mis en place par le journal leur permet de débattre. Ce travail collaboratif a lieu également sur les origines du 11 septembre grâce aux documents les plus secrets du FBI obtenus et mis en ligne sur le site Intelfiles. Attention PDF volumineux et lecture parfois difficile !
Bien entendu la France ignore encore ce genre d’interactivité.
Seule initiative dans l’univers du numérique, la sortie pour le Salon du Livre de la version Gallica 2* de la Bibliothèque Nationale qui annonce 3.500.000 pages en lignes pour 2010. Dans un souci de protectionnisme à la française, les pages des livres s’affichent en mode image, véritable insulte pour l’utilisateur, mais il offre quand même une recherche en texte intégral sur tous les documents. Le Syndicat National de l’Edition n’est pas pour rien dans le bridage de Gallica 2.


* Gallica 2 est la compilation numérisée de livres de la Bibliothèque Nationale.

dimanche 9 mars 2008

Souvenirs de Chine et d'Indochine

Le marché de la photographie ancienne est en pleine ébullition et la France s’avère être un terrain de découvertes pour le monde entier. Grâce à la Société de Géographie créée en 1821, nous bénéficions d’un patrimoine impressionnant de photographies d’explorations des années 1850 à nos jours. Pour preuve le site de l’exposition Trésors photographiques de la Société de Géographie et les publications éditées par Glénat.
L’actualité, c’est la parution de la nouvelle formule de la revue trimestrielle La Géographie en vente dans tous les kiosques et l’annonce d’une grande vente de photographies anciennes à Drouot.
L’experte Viviane Esders et l’étude Yann Le Mouël proposent un ensemble rare de photographies de Chine et d’Indochine. Au catalogue on trouve plusieurs albums pour la plupart de la fin du XIXe siècle dont celui du Consul de France au Yunnan, Auguste François ; les archives photographiques du Dr Jules Pineau, fondateur de l’Institut Pasteur de Saïgon en 1893 ; les photos de la campagne militaire du Dr Hacquard, à la conquête de l’Indochine en 1885. L’homme était médecin, mais surtout un extraordinaire photographe, un artiste plein de sensibilité qui nous fait revivre l’Annam et la Cochinchine d’avant les Français.
Pour le XXe siècle on pourra acquérir des photographies des années 30 avec des pin-up de Shanghaï, ou de la révolution culturelle signée Marc Riboud et d’incroyables panoramas d’ouvriers modèles et d’états majors politiques. Lors d’une vente précédente des albums de photos de gardes rouges, estimés à 200 € se sont envolés à 3000 € pièce. La nouvelle s’est aussitôt répandue au marché aux puces de Pékin où ce type d’albums est aujourd’hui introuvable.

A signaler également de nombreux livres sur l’Indochine, le colonialisme, les civilisations du Vietnam et des romans coloniaux.