lundi 8 juin 2009

Money, money !





Autoportrait de Boggs sur un billet de 100 Francs suisses

En pleine crise financière, le papier monnaie redevient pour les artistes un sujet de prédilection. Après Marcel Duchamp et ses ready made monétaires, Andy Warhol et ses dollars lithographiés, une nouvelle génération s’attaque aux billets de banque. Le premier et le plus radical de ces artistes est le Brésilien Cildo Meireles qui a commencé son œuvre sous la dictature militaire. Après avoir tamponné des dollars et des billets nationaux de tampons pirates annonçant "insertions dans les circuits idéologiques", il grave des messages "subversifs" sur les bouteilles de Coca alors consignées et réalise de toute pièce de faux billets de Zero Cruzeiro illustrés au recto d’un indien Kraô et au verso d’un pensionnaire d’asile psychiatrique. Suit un zéro dollar illustré d’un Fort Knox. L’année dernière il a exposé à la Tate Gallery une remarquable tour de cinq mètres constitué de quelques sept cents postes de radios réglés à très faible niveau sonore sur des fréquences différentes. Babel produit alors une étonnante rumeur.
Le Japonais
Akasegawa Genpeï a été traîné en justice pour avoir détourné des billets de 1000 yens en carton d’invitation pour un de ses vernissages. Aujourd’hui, il se contente d’envelopper des billets de banque ou de les mettre en bocal.

L’Américain J.S.G. Boggs est un créateur acharné de billets, de pièces, de chèques. Son "Fun Bill" de 1 $ a été suivi d’une pièce d’1 $ en plastique, d’un billet suisse de 100 Frs où il paraît portraituré en "jeune homme en colère". Alors que l’artiste annonce vouloir vivre un an en ne dépensant que la monnaie qu’il fabrique, ses ennuis se multiplient. La police anglaise a fait fermer une de ses expositions, le "secret service" américain a confisqué 1300 de ses productions. Mais Boggs se débrouille bien, les musées achètent ses œuvres et il y a des collectionneurs qui contactent les commerçants qui ont accepté les billets de Boggs pour leur racheter un bon prix. Comme le dit l’artiste « Quand vous commercez avec une abstraction, la différence entre une valeur et rien du tout est très subtile. »

C’est au Cameroun que travaille l’un des artistes les plus étonnants du domaine. Pendant longtemps, Jean-Baptiste Ngnetchopa a sculpté des motifs traditionnels avant de commencer à sculpter des représentations géantes de billets de banque sculptés en bas reliefs sur bois. Tous les pays du monde l’inspirent mais il excelle dans la représentation de pays africains.

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