Ce sera le premier câble sous-marin en fibre optique à être installé sur le fond de l’Océan Atlantique depuis dix ans. Mais, à la différence de ceux qui ont été inaugurés à la fin des années 1990 et au début des années 2000, ce nouveau câble transatlantique n’est pas destiné à transporter la voix, les appels téléphoniques ou encore les connexions. Ce gigantesque câble sous-marin entre New York et Londres, sera réservé exclusivement aux transactions financières. Il servira à faire gagner cinq milli-secondes aux traders des deux principales places financières du monde.
Les transactions à haute fréquence, de l’agiotage hi-techCinq milli-secondes, une éternité dans le monde des transactions informatisées. Un avantage pour les traders, donc – mais s’agit-il également d’un investissement utile aux marchés? L’annonce de ce projet de nouveau câble tombe juste au moment où les gouvernements focalisent leur attention sur les transactions financières super-rapides et automatisées, programmées au moyen de logiciels spécifiques, appelées “high frequency trading”, ou HFT. Aux Etats-Unis comme en Europe, les autorités de surveillance et de contrôle soupçonnent quelques chose de louche dans le monde des transactions à haute fréquence: un monde où se dessinent d’importants changements, sous-tendus par des questions de gestion d’infrastructure de calcul, de concentration de ressources informatiques, et peut-être d’abus exercés avec les armes de la technologie avancée.
Nombre d’analystes financiers semblent être d’accord: une concentration de facto oligopolistique des activités d’échange est en train de se développer avec les HFT. Les traders de l’HFT insèrent dans le marché des ordres volumineux, en sachant pertinemment que ceux-ci auront l’effet de déplacer les prix. Puis ils les effacent, et s’engagent dans des nouvelles transactions pour gagner sur les mouvements de prix qu’ils ont eux-mêmes provoqué. Une technique bien plus raffinée de l’agiotage vieux style, et rendue possible par les nouveaux développements des technologies informatiques. Un aspect tout aussi important de ces opérateurs est leur comportement de “free-riders”, qui se manifeste lorsque des acteurs individuels, ou une catégorie d’acteurs économiques, retirent un avantage de l’opportunité de ne pas payer le prix correct pour un service, déchargeant les coûts de celui-ci sur le reste des acteurs.
L’exploitation d’un système sous-dimensionnéActuellement, dans les Bourses, les opérateurs ne paient pas pour toutes les opérations mises sur le marché – un nombre très élevé dans le cas des HFT – mais seulement pour celles qui aboutissent effectivement à une transaction. Mais les HFT ont désormais atteint un degré d’ (omni)présence sur les marchés, en particulier les marchés américains où ils représentent 70% du total des opérations d’achat et de vente. Et cette présence a imposé une mise à jour de l’infrastructure informatique et technique d’une ampleur et d’une importance sans précédents, supportée par des investissements de plusieurs milliards de dollars. Investissements qui, semble-t-il, seront à leur tour payés par la société dans son ensemble, sous forme des coûts des services et de la mise en opération des plateformes électroniques des Bourses. La structuration de ces investissements est guidée, d’un point de vue technologique, par la rapidité croissante de l’élaboration et de la transmission des informations (on parle de milli-secondes), afin d’obtenir une gestion la plus rapide possible de toutes les propositions d’achat et de vente.
Ainsi, l’architecture et le dimensionnement des systèmes informatiques et télématiques des Bourses, sont élaborés en fonction de la quantité des propositions de transaction – beaucoup plus nombreuses que les transactions effectivement abouties. Cela parce que les stratégies générales des HFT ont tendance à “sonder” le marché avec des ordres appelés “exécuter ou effacer”, qui ont des latences – c’est à dire des durées de vie – extraordinairement courtes (une dizaine de milli-secondes). Ainsi sondé le marché avec ces ordres, abandonnés car ils ne sont pas exécutés immédiatement, les systèmes HFT créent une sorte de cartographie de la quasi-immédiate évolution des échanges. Grâce à cette stratégie, les HFT peuvent gagner de l’argent au moyen de rafales hyper-rapides d’ordres d’achat et de vente. Le gain est presque certain, car il est corrélé à un risque presque nul (puisqu’il est calculé en fonction du temps extraordinairement court qui passe entre l’achat et la vente, ou vice-versa).
Une niche dépourvue de régulationEn fait, les HFT sont en train d’exploiter une niche qui n’est presque pas prise en considération par les régulations actuelles. Ils se comportent comme des free-riders du marché boursier, puisqu’ils ne doivent pas se charger des coûts des stratégies qui les amènent à gagner. Ils utilisent massivement les ordres “exécuter ou effacer” pour sonder le marché, mais, au moins pour le moment, il leur est concédé que le coût de ces très nombreux ordres, puis immédiatement abandonnés, soit reparti sur tous ceux qui effectivement achètent et vendent. Il serait donc souhaitable, selon certains, que toutes le propositions de transaction contribuent à payer les coûts généraux des systèmes informatiques, dont les dimensions sont de facto modelées sur le volume total des ordres. Nous sommes dans la situation paradoxale selon laquelle seulement les transactions abouties, soit une minorité, soutiennent ces coûts d’infrastructure, tandis que le volume toujours plus important du trafic des transactions nécessite de la mise en place d’un câble transatlantique ad hoc. Un scénario préoccupant est en train de se dessiner, dans lequel la concentration des échanges boursiers parmi peu d’opérateurs de dimensions colossales s’ajoute à l’opacité de leur structure interne et de leurs relations.
Les instances de régulation, quant à elles, n’arrivent pas à monitorer de manière adéquate cette situation, qui finit par augmenter démesurément la volatilité du marché. Pourtant, des réponses devront être bientôt données: les HFT sont-ils véritablement des free-riders des marchés d’aujourd’hui? En tirant pleinement avantage de leur suprématie technologique, pourront-ils créer des positions dominantes au point de créer des situations d’abus et manipulation des marchés ?
Les transactions à haute fréquence, de l’agiotage hi-techCinq milli-secondes, une éternité dans le monde des transactions informatisées. Un avantage pour les traders, donc – mais s’agit-il également d’un investissement utile aux marchés? L’annonce de ce projet de nouveau câble tombe juste au moment où les gouvernements focalisent leur attention sur les transactions financières super-rapides et automatisées, programmées au moyen de logiciels spécifiques, appelées “high frequency trading”, ou HFT. Aux Etats-Unis comme en Europe, les autorités de surveillance et de contrôle soupçonnent quelques chose de louche dans le monde des transactions à haute fréquence: un monde où se dessinent d’importants changements, sous-tendus par des questions de gestion d’infrastructure de calcul, de concentration de ressources informatiques, et peut-être d’abus exercés avec les armes de la technologie avancée.
Nombre d’analystes financiers semblent être d’accord: une concentration de facto oligopolistique des activités d’échange est en train de se développer avec les HFT. Les traders de l’HFT insèrent dans le marché des ordres volumineux, en sachant pertinemment que ceux-ci auront l’effet de déplacer les prix. Puis ils les effacent, et s’engagent dans des nouvelles transactions pour gagner sur les mouvements de prix qu’ils ont eux-mêmes provoqué. Une technique bien plus raffinée de l’agiotage vieux style, et rendue possible par les nouveaux développements des technologies informatiques. Un aspect tout aussi important de ces opérateurs est leur comportement de “free-riders”, qui se manifeste lorsque des acteurs individuels, ou une catégorie d’acteurs économiques, retirent un avantage de l’opportunité de ne pas payer le prix correct pour un service, déchargeant les coûts de celui-ci sur le reste des acteurs.
L’exploitation d’un système sous-dimensionnéActuellement, dans les Bourses, les opérateurs ne paient pas pour toutes les opérations mises sur le marché – un nombre très élevé dans le cas des HFT – mais seulement pour celles qui aboutissent effectivement à une transaction. Mais les HFT ont désormais atteint un degré d’ (omni)présence sur les marchés, en particulier les marchés américains où ils représentent 70% du total des opérations d’achat et de vente. Et cette présence a imposé une mise à jour de l’infrastructure informatique et technique d’une ampleur et d’une importance sans précédents, supportée par des investissements de plusieurs milliards de dollars. Investissements qui, semble-t-il, seront à leur tour payés par la société dans son ensemble, sous forme des coûts des services et de la mise en opération des plateformes électroniques des Bourses. La structuration de ces investissements est guidée, d’un point de vue technologique, par la rapidité croissante de l’élaboration et de la transmission des informations (on parle de milli-secondes), afin d’obtenir une gestion la plus rapide possible de toutes les propositions d’achat et de vente.
Ainsi, l’architecture et le dimensionnement des systèmes informatiques et télématiques des Bourses, sont élaborés en fonction de la quantité des propositions de transaction – beaucoup plus nombreuses que les transactions effectivement abouties. Cela parce que les stratégies générales des HFT ont tendance à “sonder” le marché avec des ordres appelés “exécuter ou effacer”, qui ont des latences – c’est à dire des durées de vie – extraordinairement courtes (une dizaine de milli-secondes). Ainsi sondé le marché avec ces ordres, abandonnés car ils ne sont pas exécutés immédiatement, les systèmes HFT créent une sorte de cartographie de la quasi-immédiate évolution des échanges. Grâce à cette stratégie, les HFT peuvent gagner de l’argent au moyen de rafales hyper-rapides d’ordres d’achat et de vente. Le gain est presque certain, car il est corrélé à un risque presque nul (puisqu’il est calculé en fonction du temps extraordinairement court qui passe entre l’achat et la vente, ou vice-versa).
Une niche dépourvue de régulationEn fait, les HFT sont en train d’exploiter une niche qui n’est presque pas prise en considération par les régulations actuelles. Ils se comportent comme des free-riders du marché boursier, puisqu’ils ne doivent pas se charger des coûts des stratégies qui les amènent à gagner. Ils utilisent massivement les ordres “exécuter ou effacer” pour sonder le marché, mais, au moins pour le moment, il leur est concédé que le coût de ces très nombreux ordres, puis immédiatement abandonnés, soit reparti sur tous ceux qui effectivement achètent et vendent. Il serait donc souhaitable, selon certains, que toutes le propositions de transaction contribuent à payer les coûts généraux des systèmes informatiques, dont les dimensions sont de facto modelées sur le volume total des ordres. Nous sommes dans la situation paradoxale selon laquelle seulement les transactions abouties, soit une minorité, soutiennent ces coûts d’infrastructure, tandis que le volume toujours plus important du trafic des transactions nécessite de la mise en place d’un câble transatlantique ad hoc. Un scénario préoccupant est en train de se dessiner, dans lequel la concentration des échanges boursiers parmi peu d’opérateurs de dimensions colossales s’ajoute à l’opacité de leur structure interne et de leurs relations.
Les instances de régulation, quant à elles, n’arrivent pas à monitorer de manière adéquate cette situation, qui finit par augmenter démesurément la volatilité du marché. Pourtant, des réponses devront être bientôt données: les HFT sont-ils véritablement des free-riders des marchés d’aujourd’hui? En tirant pleinement avantage de leur suprématie technologique, pourront-ils créer des positions dominantes au point de créer des situations d’abus et manipulation des marchés ?
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