Si un citoyen non habilité veut apprendre ou dénoncer ce qui est de l’ordre du secret
d’État, il sera poursuivi car ce type de secrets n’ont pas être dévoilés quand ils
jouent un rôle dans la marche de la société. Pour qui douterait encore de la volonté de protéger à tout prix le
secret d’État, même quand il dissimule des crimes, les tribulations de la journaliste
Ariane Lavrilleux sont éclairantes. Le 19 septembre 2023, elle est réveillée à 6 heures du matin par un groupe
de policiers qui resteront dix heures à passer au peigne fin son domicile et ses
effets personnels. Leur but : trouver la ou les sources de cette journaliste qui a publié sur le site Disclose des
informations démontrant que la France a fourni à l’Égypte des renseignements lui
ayant permis de réprimer et de bombarder sa population ; malgré les protestations unanimes de la
profession, Ariane Lavrilleux subit deux jours de garde à vue avant d’être présentée à un
juge. Et malgré la loi protégeant les sources d’un journaliste, les documents trouvés lors de la perquisition
sont intégrés à la procédure. Il s’agit là d’un détournement flagrant de la loi utilisée
pour enquêter sur un domaine censée être protégé par cette même loi.
En vertu d’une instruction interministérielle du 9 août 2021, l’infraction
de compromission du secret d’État est constituée dès que des agissements sont
constatés qui « permettent de rendre possible la divulgation du secret de la
défense nationale ». Un des militaires ayant renseigné la journaliste se justifie en expliquant que l’opération
égyptienne révélée « décrédibilise l’action française et la République, soutient la
logique mortifère et le mal qu’on prétend combattre. Nous ne pouvons donc pas
toujours nous taire ». Et d’expliquer un peu plus loin dans son interview publiée sur Disclose :
« Il est plus grave de participer au meurtre d’hommes, même des trafiquants que de
dévoiler une note estampillée “confidentiel-défense”. » Le 21 septembre 2023, un officier soupçonné
d’être en contact avec la journaliste est inculpé pour « détournement et divulgation
du secret de défense nationale par son dépositaire », deux infractions passibles de sept ans d’emprisonnement et
de 100 000 euros d’amende.
Le 17 janvier 2025, le juge d'instruction chargé de l'affaire décide de ne pas l'inculper car il considère son travail d'investigation comme "d'utilité publique".
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