dimanche 7 septembre 2008

Une aventure moderne















Le chef Almir

Au cœur de l’Amazonie brésilienne, un Indien surui marche lentement, le corps nu enduit de peintures corporelles rouges. Dans sa main droite, un récepteur GPS régler pour préparer des relevés cartographiques.
Cet Indien pas comme les autres s’appelle Almir, il est le chef de sa tribu, son grand-père avait 40 femmes et « il est mort de bonheur ». A 14 ans, Almir a rencontré son premier blanc, il appris à les détester quand ils étaient prospecteurs ou bûcherons. Puis il a connu Mark Plotkin, un botaniste américain qui a dédié sa vie à la protection des tribus indiennes avec son organisation
Amazon Conservation Team (ACT).
Pendant des années,
les Indiens surui ont appris à négocier avec les autorités gouvernementales censées les aider pour faire valoir leurs droits, tenir à distance de leurs réserves naturelles prospecteurs clandestins et bûcherons illégaux. Grâce à ses amis occidentaux, chef Almir est allé en juin 2007 en Californie pour demander à Google de l’aider dans son combat.
C’est ainsi qu’en juillet 2008 une équipe de Google Earth s’est rendu
au cœur de la forêt amazonienne. Rebecca Moore, responsable du projet raconte : « Nous venions là pour enseigner mais l’histoire des Surui, la manière dont ils s’adaptent au monde moderne est une leçon pour nous tous et, avec un peu d’attention, nous avons plus à apprendre d’eux qu’ils ont à apprendre de nous. » Pendant des mois, les Indiens ont préparé la réception de l’équipe de Google, construisant une hutte de cérémonie, mettant à fermenter les boissons traditionnelles. Dès leur première réunion, la petite équipe de Californiens comprit que la discussion n’aurait rien à voir avec leur manière de travailler. Chacun s’exprime, reprend la parole jusqu’à ce qu’un accord s’établisse. Il leur a fallu ensuite attendre le jour et l’heure de la cérémonie de bienvenue, se décorer les bras, le torse et le dos de peintures bleu e et noire et boire dans le bol d’herbes fermentées pour devenir membre d’honneur des Surui. Ce n’est qu’ensuite que commença la formation Internet de plusieurs jeunes Indiens et les explications sur l’usage de Google Earth pour fixer les limites de la réserve indienne.
Là encore ce fut le choc entre les Américains qui définissent les cartes en longitude, latitude et altitude et les Indiens pour lesquels trois dimensions supplémentaires sont à prendre en compte : le contexte historique, les sites sacrés et les sites mythologiques.

Vasco Van Roosmalen, un responsable d’ACT explique : « Les Indiens marquent sur les cartes où ils trouvent les matériels pour fabriquer leurs maisons, les lieux où on trouve des arbres pour faire des canoës, ceux où on trouve du miel, des noix. Sont aussi indiqués les endroits où se trouvent les plantes médicinales, les animaux y compris les animaux sacrés sur les territoires interdits. »

L’expédition de Google fait rêver beaucoup de membres de la communauté des passionnés de technologies si l’on en croit ce qui est publié sur Google Earth Community où
chaque étape de la mission a été commentée. Même intérêt de la télévision brésilienne qui a réalisé un excellent reportage sur le sujet.
Le blog des Indiens surui permet de suivre les étapes de leur bataille. Cette médiatisation a bien entendu heurté les intérêts économiques qui organisent la destruction de la forêt amazonienne. Un dirigeant d’ACT a été arrêté par la police pour un soi disant délit de bio piratage et le chef Almir est aujourd’hui menacé de mort.

Aujourd’hui les travaux cartographiques de Google et des Indiens ont néanmoins permis d’obtenir du gouvernement fédéral brésilien une meilleure protection de la réserve. Mieux encore, elles ont renforcé les liens entre les anciens qui connaissent les lieux, les histoires, les traditions et les jeunes Indiens intéressés par les nouvelles technologies. Le combat inégal entre les multinationales de matières premières et les Indiens est désormais un peu moins inégal, même si les acquis des Indiens surui restent fragiles et dépendant du soutien international.

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