mardi 20 janvier 2009

Satellites d’observation, le nouvel eldorado.

La qualité et l’omniprésence des satellites civils d’observation pourraient laisser croire que les militaires se contentent aujourd’hui d’être clients des programmes civils. C’est mal connaître le complexe militaro-industriel qui tient par-dessus tout à conserver ses propres activités totalement secrètes et parfois très inefficaces ou, au mieux, d’un rapport qualité/prix déplorable. C’est le NRO qui gère les programmes satellitaires d’espionnage. Les engins envoyés ne sont pas annoncés, leurs noms sont secrets et ils ne sont pas référencés dans les banques de données de satellites. Leurs performances sont des secrets bien gardés, protégés par des dispositifs spéciaux (SCI) réservés aux informations plus secrètes que le Top Secret. Plusieurs experts estiment qu’ils peuvent voir des objets d’une taille de 10 cm, à la limite de l’effet de diffraction dans l’atmosphère. Malgré tout, le Pentagone continue à acheter des images aux sociétés commerciales qui ont une grande réactivité, en effet Google annonce pouvoir survoler n’importe quel point de la planète dans un délai de trois jours. De plus les images diffusées sont en couleurs.L’interaction entre activités militaires et activités civiles n’a pas été sans conséquences. La qualité des services apportés par le secteur civil a amené les militaires à regarder d’un œil critique les programmes secrets qu’ils finançaient. En 2005, c’est Boeing qui a connu l’annulation brutale d’un programme secret pompeusement appelé « Future Imagery Architecture ». La sanction est intervenue après une dépense de 10 milliards de $ et cinq ans d’efforts infructueux. Cette année, Obama a fait le choix de nommer un administratif très au fait des gestions de budget pour diriger la CIA. Faut-il pour autant croire que Leon Panetta va réduire encore les investissements du renseignement technique et faire des coupes dans les budgets des « black operations » ? C’est probable, tout comme le transfert de projets vers des sous traitants civils. Le conseiller d’Obama en matière de sécurité, John Brennan, ancien chef d’état major de la CIA a ensuite dirigé une firme privée de sécurité, Analysis Corp. Les entreprises privées ne manquent pas pour reprendre des activités réservées jusque là aux militaires. Outre Google, les Etats Unis ont également donné naissance à une autre grande entreprise, Digital Globe qui dispose de deux satellites performants. Marchés militaires et civils garantissent la pluralité des acteurs dans un secteur qui connaît une croissance constante.Pour donner une idée des sommes en jeu, prenons l’exemple du Soudan. L’ONU est intervenue pour imposer un cessez le feu entre ce pays et ses voisins, chacun se plaignant d’incursions frontalières. Pour fixer une bonne fois pour toutes les frontières du Soudan, l’ONU a commandé pour 600.000 $ d’imagerie satellitaire. Le tracé de la frontière, tracé sur écran, sera ensuite matérialisé au sol. Nous verrons, dans le prochain post comment ce nouveau marché évolue.

Aucun commentaire: