L’éditorialiste Peter Ludlow a écrit une intéressante
tribune dans le New York Times sur l’effet délétère de la peur aux Etats-Unis.
Le philosophe Bertrand Russell écrivait déjà en 1942 : "un homme,
une foule, une nation, ne peuvent pas agir avec humanité ou penser sainement
quand ils agissent sous l’emprise de la peur ";
Aujourd’hui nos gouvernements, au lieu de rassurer leurs
populations, augmentent leurs craintes pour s’en servir afin de consolider leur
pouvoir en nous contraignant à abdiquer une part de notre liberté en échange d’une
sécurité illusoire.
S’installe alors un théâtre permanent où sont mis en scène
des menaces effrayantes et un appareil de sécurité toujours plus omniprésent.
Le danger étant partout, la surveillance est universelle. Bien entendu le
danger est souligné aux endroits utiles pour obtenir une peur qui renforce le
pouvoir. Ainsi le risque d’une prise d’otage d’un avion aux Etats-Unis occupe 58 000
fonctionnaires de la TSA qui vérifient les bagages pour un budget annuel de 7
milliards de dollars. En revanche, alors
qu’on comptabilise 54 000 morts annuels par accidents du travail aux Etats-Unis,
l’administration n’y consacre qu’un budget de 600 millions de dollars.
C’est la même logique qui a présidé à l’invasion américaine
en Irak, Bush annonçant avec des trémolos dans la voix que Saddam Hussein avait
des bombes atomiques et chimiques… Et la sinistre Condoleezza Rice de rappeler
que, si l’Amérique n’agissait pas, la prochaine chose qu’elle verrait serait « un
nuage en forme de champignon » !
Bien entendu cette politique de la peur mine à grande
vitesse tous les principes sur lesquels nos démocraties ont été construites. Ce
mouvement n’est pourtant pas irrésistible, les citoyens peuvent résister à
cette lame de fond, identifier les vraies menaces et les fausses, surmonter
leur peur et faire preuve de bon sens et contester une politique qui érode les
fondements de la démocratie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire