Les attentats de Janvier ont entraîné une exploitation
croissante des interceptions de communications
internationales transitant par les fibres optiques qui tapissent les océans.
Alors qu’il y a quinze ans, les satellites de
télécommunications étaient espionnés par les gigantesques antennes du réseau
Echelon, aujourd’hui ce sont les câbles sous-marins qui sont les principales
victimes de ces interceptions généralisées.
Ainsi, Cable & Wireless, l’entreprise anglaise
responsable des câbles sous-marins qui passent par la Grande-Bretagne – aujourd’hui
filiale de Vodafone – abrite, selon un document Snowden, un « gestionnaire
de projets », membre du GCHQ (le service de renseignement électronique du
gouvernement)qui coordonne cette mission de surveillance et dispose d’un budget
de 9 millions de dollars par an pour les frais de mise à disposition des
données. Cable & Wireless (nom de code GERONTIC) a été jusqu’à aider
l’agence britannique à se connecter à un autre réseau câblé relié à l’Asie et
géré par une entreprise concurrente indienne, Reliance. Ce piratage a été
effectué à partir d’un « point d’accès » privilégié (nom de code NIGELLA)
près du centre GCHGQ de Bude, dans les Cornouailles, au sud de l’Angleterre[1].
C’est là, entre un immeuble de traitement des données et de
vastes souterrains, que se rejoignent le câble Flag Atlantic 1 (reliant les
Etats-Unis et l’Europe) et Flag Europe-Asie (qui dessert quant à lui l’Egypte,
l’Arabie Saoudite, l’Inde, l’Asie du Sud-Est, la Chine et finalement le Japon),
le tout représente un débit pharaonique de 800 gigabits par seconde. Dans cette
gigantesque gare de triage numérique, espions anglais et américains s’efforce
de filtrer, classer, trier les données grâce à des logiciels ultra sophistiqués
(TEMPORA, XKEYSCORE) et aux analyseurs de trafic en temps réel NAURUS, filiale
de Boeing.
Toute cette activité génère d’importants budgets, des
réunions entre firmes privées et services secrets anglo-américains. Rappelons
que la NSA a dépensé en 2013, 278 millions de dollars pour bénéficier des
services (largesses ?) de sociétés de télécommunications[2].
Et la France ? Nous ne connaissons pas, pour l’heure, le type de relations
établies entre la DGSE et l’opérateur historique (Orange) et ses concurrents (SFR, Free, Numericable pour
les principaux), ni comment cet ensemble très uni coopère avec les
Anglo-Saxons. Ce qui est sûr en revanche, c’est que des ingénieurs de la DGSE
se sont rendus à Bude afin de se former
auprès du GCHQ et qu’ils utilisent désormais le logiciel de la NSA XKEYSCORE
sur les câbles sous-marins, notamment ceux transitant par Marseille.
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