lundi 16 juin 2008

La CIA et le web 2.0

Suite aux cuisants échecs de la communauté du renseignement américain, le 11 septembre 2001 et l’évacuation de l’arsenal militaire de Saddam Hussein, les réformes en profondeur commencent à porter leurs fruits. Après avoir conçu un Wikipedia secret – Intellipedia -, la CIA travaille sur des réseaux sociaux collaboratifs sur le modèle de Facebook.
Contacté, le Président de Facebook a refusé d’apporter son aide aux espions de peur d’être assimilé à eux et de voir des pays lui fermer la porte au nez. La
Direction Nationale du Renseignement a trouvé son propre chef d’orchestre en la personne de Mike Wertheimer. Son titre : « assistant du directeur du renseignement national pour les questions de transformation analytique et de technologie. » Son rôle réel : ouvrir le monde fermé de l’espionnage aux dernières pratiques du web 2.0, faire travailler ensemble les cerveaux des services de renseignements pour améliorer leurs analyses et les rapports qu’ils livrent au gouvernement
A plus de 50 ans, Wertheimer n’est pas un collégien ; ses 20 ans de pratique à la NSA dans le cryptage de messages secrets n’ont pas entamé son enthousiasme.
Une obsession l’habite, éviter que l’atroce surprise du 11 septembre ne se reproduise uniquement parce que les informations critiques seraient mal partagées, mal évaluées. Cette obsession, il la partage avec
Tom Fingar, responsable de l’analyse stratégique qui a approuvé la création d’une Bibliothèque Nationale du Renseignement où toute la production des services sera accessible sur justification. Autre innovation, A Space, sur le modèle de MySpace et Facebook, permettra aux espions de se lancer des alertes, des demandes d’aide sans passer par les canaux officiels. Bien entendu, de semblables pratiques inquiètent les cadres supérieurs soucieux de ne pas mettre à mal la hiérarchie et les habitués à l’information "compartimentée". Autre préoccupation, le risque d’imprudence sur ces nouveaux réseaux, la diffusion des données permettant d’identifier une source très secrète.
Heureusement la nouvelle vague d’agents secrets s’est emparée avec intérêt de ces
nouveaux outils. Wertheimer a déjà remarqué que les analystes les plus brillants ne se contentent pas des idées reçues, ils font circuler leurs travaux et sollicitent des avis sans se préoccuper des hiérarchies.
A l’extérieur de la CIA, un soutien discret à ces initiatives se fait jour avec des structures comme la
National Security Alliance qui fait le pont avec la société civile.

Aucun commentaire: