lundi 18 janvier 2010

Google: une définition.

Google est un service grand public qui permet de trouver une information, un bien, un service recherché et cela par une simple requête. Chaque jour, Google traite deux milliards de requêtes. Le financement de ce service se fait grâce à un espace publicitaire qui permet aux annonceurs de disposer d’une audience ciblée. Cette activité a généré un chiffre d’affaires de vingt-six milliards de dollars en 2009. Google est enfin un réseau de technologies, réseaux spécialisés et serveurs au nombre d’un million.
L’ampleur et l’universalité de l’activité de Google fait de cette entreprise un véritable modèle pour l’avenir du monde. Google ne s’intéresse qu’à des activités universelles. Google s’occupe d’informations, de services, d’images, de cartes, de livres, de santé.
Google a pour vocation d’ordonner et rendre facilement accessibles toutes les informations du monde, améliorant les temps de recherche et la pertinence des réponses aux requêtes. Google se propose d’améliorer en permanence son service pour que les requêtes soient interprétées le plus finement possible et que les réponses proposées soient toujours meilleures, presque comme si Google pouvait naturellement se connecter à notre cerveau. Cette capacité à discriminer doit croître aussi vite que l’expansion phénoménale de la quantité d’informations disponibles sur Internet.

Google et sa filiale Youtube pour les vidéos constituent le système de diffusion d’informations de loin le plus puissant au monde. C’est pourquoi, régulièrement, des gouvernants soucieux de garder une possibilité de contrôle de ce que leurs citoyens peuvent savoir, font pression sur Google pour empêcher certaines informations d’être diffusées.
Pour gérer ce type de demande, Google a monté une structure ad hoc dirigée par Nicole Wong « deputy general counsel », Andrew Mc Laughlin « director of global public policy » et Kent Walker « general counsel ». Ce triumvirat se trouve responsable de 65% de toutes les demandes faites sur Internet (part de marché de Google) et des milliards de vidéos disponibles sur Youtube.
En mais 2009 Google a du négocier avec les autorités turques qui bloquaient l’accès de Youtube dans le pays. Raison de leur colère : une vidéo réalisée par un club de footballeurs grecs qui se moquaient d’Ataturk en l’accusant d’avoir été homosexuel. Alors que des négociations s’ouvraient, les turcs élargirent leurs réclamations, signalant plusieurs centaines de vidéos critiquant Ataturk ou le pays venant de militants turcs. Après avoir traduit ces documents, les responsables de Google établirent trois catégories : les vidéos qui violaient les règles de déontologie de Youtube et qui pouvaient être supprimées, les vidéos qui constituaient une infraction flagrante aux lois turques et dont l’accès serait bloqué aux citoyens turques, et enfin les vidéos qui seront maintenues. Relativement satisfaites de ces propositions, les autorités turques ont demandées alors que les vidéos en infraction avec les lois turques soient interdites dans le monde entier afin de ne pas heurter la sensibilité des turcs de la diaspora. Google a refusé et les négociations continuent alors que l’accès à Youtube est toujours bloqué en Turquie.
Aux Etats Unis même, Google a du faire face aux campagnes d’un sénateur républicain, Joseph Lieberman qui s’indignait que des vidéos islamistes favorables aux extrémistes soient disponibles sur Youtube. Le site fut obligé d’instituer une nouvelle directive interdisant les vidéos « destinées à inciter à la violence ».
De manière plus générale, le gouvernement américain souhaitant mieux contrôler le rôle de Google et de ses concurrents dans la diffusion de l’information propose un « Global Online Freedom Act » qui oblige les compagnies à leur communiquer toutes les demandes de censure qui leurs sont faites par des gouvernements étrangers. Soucieux de leur indépendance et afin de garder une marge de négociation, les géants de l’Internet ont créé le « Global Network Initiative » pour instaurer une série de principes sur la liberté d’expression sur Internet.
Google est aujourd’hui la seule compagnie qui joue de fait le rôle de shérif de l’Internet et constitue un service essentiel dans la vie quotidienne et professionnelle de milliards d’internautes. Hégémonique comme moteur de recherche, la firme multiplie les nouveaux services, efficaces et… gratuits. Gmail (messagerie), Google Maps et Google Earth, Picasa (album photo), Google Books, Androïd (téléphonie
mobile).
La suprématie de Google vient d’abord de son parc de serveurs informatiques qui lui permet de proposer un service fluide et instantané et cela partout dans le monde. Cet investissement énorme est financé par les recettes publicitaires de Google qui a généré en 2008 un chiffre d’affaires de vingt deux milliards de dollars. Fort de son hégémonie et de sa croissance commerciale (+30 par an) Google a pu racheter des firmes comme Youtube (diffusion de vidéos) et Double Click (régie publicitaire). La firme californienne s’attaque maintenant à Microsoft avec un système d’exploitation gratuit « Chrome 05 ».
Dans le domaine éditorial, Google cherche à trouver une redistribution pour la consultation de la presse en ligne et des livres récents et lance Knol, encyclopédie de référence financée par la publicité. Avec Youtube, Google espère développer le business de la consultation de vidéos payantes.

lundi 4 janvier 2010

Guerre secrète au Pakistan

L’attaque des Talibans contre la base de la CIA à la frontière du Pakistan est le dernier épisode de la guerre des drones qui se livre dans la région. En effet la base victime d’un attentat suicide a une triple fonction : une base militaire en grande partie consacrée à des activités de génie du type construction de routes, des installations dédiées aux relations avec les autorités afghanes et avec les responsables des communautés locales, et enfin le poste avancé de la CIA pour tout ce qui concerne l’information de terrain (humint) indispensable pour nourrir en données précises les drones qui ont pour mission d’attaquer les Talibans qui mènent la lutte armée contre les forces américaines.

Dans ce poste secret de Khost les responsables de la CIA et leurs partenaires de l’entreprise Blackwater gèrent le réseau d’informateurs afghans et pakistanais qui leur fournissent des informations précises sur les lieux de séjour et les déplacements des militants des zones tribales du sud et du nord Warizistan.


Bien entendu, ce sont les données sur les membres d’Al Qaïda qui sont les plus recherchés.


Les meilleurs des informateurs de la CIA sont équipés de mini-émetteurs qu’ils ont la délicate mission d’aller « coller » sur les domiciles ou sur les véhicules des objectifs identifiés. Le drone peut ensuite verrouiller électroniquement son missile sur la cible grâce à la balise à terre et tirer (voir les posts précédents).


Depuis plusieurs mois la qualité du dispositif d’espionnage à terre et le perfectionnement des avions robots tueurs ont permis à la CIA de tuer plusieurs dizaines de militants Islamistes, de rendre leurs déplacements et leurs réunions très difficiles. La base de Khost était parfaitement identifiée comme QG opérationnel et donc très protégée. Elle devait pourtant, vu son activité, recevoir des agents afghans. C’est l’un d’eux, lors d’une réunion importante où se trouvait tous les responsables de la CIA, a déclenché sa veste explosive tuant 7 Américains dont le chef de station et un important responsable des services secrets jordaniens, partenaire traditionnel des Etats-Unis.

jeudi 19 novembre 2009

La politique anti-terroriste d’Obama (IV)

Soumis à une forte pression de ses militaires pour envoyer au moins 40000 soldats supplémentaires en Afghanistan, Obama ne s’y résout pas car la guerre, qui coûte très cher, est de plus en plus impopulaire aux Etats-Unis et le gouvernement afghan, incompétent et corrompu, décrédibilise l’intervention des troupes internationales.

La démission fracassante d’un officier supérieur des marines, Mathiew Hoh, a contribué à répandre l’idée que la guerre ne pouvait pas être gagnée. Le seul élément positif de sa lutte contre Al Qaïda et ses alliés est aujourd’hui remis en cause. Les drones Predator équipés de missiles risquent de ne plus pouvoir opérer librement dans le ciel pakistanais !


Lors de son récent voyage au Pakistan, Hillary Clinton a été rudement interpellée par de femmes d’affaires du pays qui lui ont demandé si elle qualifiait de « terrorisme » les attaques des drones américains. Elle répondit qu’elle ne voulait pas entrer dans les détails sur les opérations de la CIA et ses interlocutrices lui expliquèrent que dans certaines provinces du Pakistan c’était le 11 septembre tous les jours.


Une dernière estimation (19 octobre 2009) de la New American Foundation donne environ 1000 victimes pour 82 attaques de drones. Vingt leaders d’Al Qaïda ont ainsi été tués, environ 500 militants et 300 civils ce qui fait un pourcentage de 33 % de victimes civiles.


Si l’administration Obama a intensifié les frappes de drones c’est parce que les zones tribales du Pakistan servaient de centre d’entrainement international, les organisateurs des attentats de Londres en 2005 venaient de là. Mais cette intensification soulève de nombreux problèmes, d’abord la proportionnalité entre l’intérêt militaire des cibles exécutées et les victimes innocentes tuées. N’y a-t-il pas d’autre moyen d’attaquer Al Qaïda ? Il faut ensuite savoir comment sont décidées et exécutées les attaques de drones qui ne sont pas gérées par des militaires mais par la CIA et les sociétés privées qui contractent avec elles, telles Blackwater. Il n’y a donc plus de contrôles d’actions militaires par le pouvoir exécutif mais des programmes totalement secrets qui opèrent sans témoins avec le risque de dérapages graves.


D’ores et déjà, le Talibans du Pakistan expliquent que la multiplication des attentats suicides est une réponse aux attaques des drones. Autre conséquence, ces attaques amènent les extrémistes à se disperser dans tout le pays, exaspèrent l’opinion publique pakistanaise révoltée par ces opérations qualifiées de « guerre de lâches » ce qui affaiblit l’autorité déjà fragile du gouvernement.


Les députés et les sénateurs américains n’osent toujours pas remettre en question les opérations secrètes d’Obama mais la commission de l’ONU sur les exécutions arbitraires vient de prendre publiquement à partie l’administration américaine. Son rapporteur spécial, Philippe Aston estime que cette politique d’exécutions ciblées par drones interposés ne repose sur aucune base légale. Le gouvernement américain ne peut mener un programme secret de cette ampleur sans rendre des comptes à la communauté internationale au risque de voir cette pratique se généraliser.

jeudi 22 octobre 2009

Obama et la lutte contre le terrorisme (III)

« On le distinguait parfaitement sur l’écran ! Il était allongé sur le dos sur la terrasse de la maison d’un village. Autour de lui un groupe de personnes. » C’est le récit du ministre de l’Intérieur pakistanais à une journaliste du New Yorker racontant ce qu’il avait vu lors de la diffusion d’images enregistrées par un drone américain. Le héros involontaire de cette séquence Baïtullah Mehsud, leader des Talibans du Pakistan dont la tête avait été mise à prix comme responsable de la plupart des attentats suicide dans le pays. Aussitôt identifié, le chef taliban reçut deux missiles Hellfire lancés par le drone Predator. Quand le nuage de poussière qui enveloppait la maison se dissipa, les Américains comptèrent onze cadavres. Le chef taliban, sa femme, son beau-père, sa belle-mère, son adjoint et sept gardes du corps.

Cela s’est passé le 8 août 2009 à Zanghara, un hameau du Sud Warziristan. Mais tout a été télécommandé depuis les Etats Unis par des « pilotes en fauteuil » qui ne prennent aucun risque mais qui, pour se conditionner enfilent leur tenue de combat pour travailler. Le plus surprenant est que les dits pilotes souffrent encore plus que les aviateurs de terrain de traumatismes liés à leurs actions !


La politique américaine rejoint celle pratiquée par les Israéliens, à savoir, des assassinats ciblés qui essaient autant que faire ce peut de limiter les victimes innocentes. Pourtant, aucune déclaration politique, aucun texte de loi n’est venu encadrer cette guerre nouvelle qui fait des centaines de victimes dans un pays, le Pakistan, qui est un allié des Etats-Unis. La doctrine Bush revenait à justifier l’assassinat de suspects de terrorisme sur la base d’une « légitime défense par anticipation » qui a permis bien des dérives. Aujourd’hui Obama a considérablement développé cette guerre technologique, virtuelle mais meurtrière avec le risque d’installer un conflit permanent et secret puisque la presse n’a pas accès aux zones tribales du Pakistan ; le Pentagone dispose d’une liste de terroristes à éliminer, la Joint Integrated Prioritized Target List de 410 noms où se trouvent sympathisants d’Al Qaïda, Talibans et Afghans financiers des Talibans. Chaque nom a son propre statut, certains peuvent être abattus dès qu’ils sont signalés, d’autres ne peuvent être ciblés qu’avec des autorisations spécifiques. Le contexte est également pris en compte, pour certaines cibles il est autorisé de risquer d’importantes pertes civiles alors que d’autres seront épargnées si leur mort entraîne des victimes innocentes.


Alors que les conséquences politiques et morales de cette stratégie d’assassinats ciblés ne sont encore discutées nulle part, on peut craindre que s’installe désormais cette pratique dans la géopolitique mondiale pour la simple et bonne raison que l’administration Obama n’a pas d’autre alternative à la lutte contre Al Qaïda et ses alliés.

lundi 12 octobre 2009

Obama et la lutte contre le terrorisme : les avions sans pilotes.(II)

Dans les zones autonomes du Pakistan où l’armée ne se risque guère, circulent insurgés Talibans et militants « arabes » de la nébuleuse Al Qaïda. Depuis trois ans ces derniers sont la cible privilégiée de la CIA qui, aujourd’hui, réalise un véritable massacre dans les rangs de l’organisation terroriste.
Le secret de leur réussite tient en deux mots : des espions et des
drones Predator. La CIA dispose dans les zones tribales d’un réseau très efficace d’espions chargés d’identifier et de cibler l’activité des amis de Ben Laden. Militants retournés, anciens membres des services spéciaux pakistanais, ils sont équipés de petits appareils en apparence inoffensifs tels le Phoenix 1.5, un petit émetteur infrarouge qui permet de marquer une cible potentielle pour un Predator en vol. Ce gadget redoutable ainsi que d’autres équipements du même type sont fabriqués par Cejay Engineering et utilisent une simple pile de 9 volts tout comme les balises radio UHF qui permettent de géolocaliser une cible grâce au récepteur du drone. Enveloppé dans un papier cigarette, collé à un mur ou sur une voiture, dissimulé sous une pierre, dans le sable, le dispositif est mis en place par un agent local. Arrêté par les talibans, Mohammed Nasir a confessé être payé 12 000 $ pour un ciblage réussi. Aussitôt son témoignage enregistré sur une vidéo, il fut exécuté comme près de 100 vrais ou supposés « espions de la CIA » au nord Warizistan. Etre pris dans ces régions avec l’un de ces petits transmetteurs, désormais bien connus des talibans, c’est courir à une mort certaine.
Le travail de terrain des espions de la CIA devient terriblement efficace si on se rend compte de l’importance du dispositif déployé en amont. Le commandant en chef des forces américaines en Afghanistan choisi par Obama est le Général Stanley Mac Chrystal, un spécialiste des opérations spéciales et des coups tordus considéré comme un psychopathe par plusieurs hauts responsables américains. Les programmes secrets (black programs) pour l’Afghanistan et le Pakistan sont déjà chiffrés à 37 milliards de dollars pour 2009 soit 17% du budget militaire américain. Et les Predators constituent
la botte secrète de ce dispositif. Ces drones volent à haute altitude et ne sont pas repérables, ils filent à 700 km/heure, disposent d’un radar de recherche au sol ultra perfectionné et tirent leurs missiles Hellfire sur les cibles marquées par les mini émetteurs installés. 35 Predators patrouillent en permanence dans le ciel. 286 attaques ont ainsi été effectuées en 2008, 430 en 2009 et plusieurs centaines d’extrémistes ont été tués. Le Warizistan Nord est devenu une zone hautement risquée pour les ennemis des Etats-Unis et ces derniers craignent que les avions sans pilotes attaquent leurs cibles dans le Balouchistan, autour de la ville de Quetta qui est encore un refuge sûr pour les Talibans.

jeudi 8 octobre 2009

Obama et la lutte contre le terrorisme

Une opération anti-terroriste américaine d’une audace sans précédent vient de se dérouler en Somalie sans attirer l’attention des media. Le 21 septembre, six hélicoptères de combat AH-6 ont décollé d’un navire de guerre américain longeant côtes somaliennes. A leur bord des troupes ultra entraînées des forces spéciales américaines, les Navy Seals. Leur cible, un 4x4 transportant quatre hauts responsables du mouvement islamiste radical Al-Shabaab proche d’Al Qaïda. Depuis plusieurs mois, grâce à des infiltrations et à des écoutes électroniques, les services secrets américains suivaient les activités de ce groupe qui contrôle une large zone du Sud de la Somalie. Deux tendances s’affrontent dans cette milice, l’une est partisane d’une lutte nationale, l’autre souhaite faire appel à des forces internationales liées à la nébuleuse Al Qaïda. Un des leaders de cette tendance est une vieille connaissance des Américains : Saleh Ali Saleh Nabhan, soupçonné d’avoir participé à l’attentat contre l’ambassade des Etats-Unis à Nairobi en 1998 qui fit 200 morts. On trouve également sa trace derrière l’attentat de 2002 contre un hôtel à Mombasa possédé par des Israéliens. Ce citoyen du Kenya a ensuite trouvé refuge en Somalie où il devint un des leaders d’Al-Shabaab. Il y a quinze jours, le Président Obama signa une autorisation pour éliminer cet homme. Protégé par deux pick-up remplis de gardes du corps, le 4x4 noir faisait route vers Mogadiscio quand quatre hélicoptères ont ouvert le feu sur les véhicules de protection et deux autres sur le 4x4. Malgré la riposte des miliciens, les six membres du groupe terroriste furent tués. Les deux hélicoptères se posèrent et récupérèrent les cadavres de leurs ennemis avant de rejoindre le navire.
Ainsi se termina la première grande opération anti-terroriste de l’administration Obama, un succès complet dû à la qualité des renseignements de terrain et à l’audace et au professionnalisme des militaires du Navy Seals.
Les partisans d’Al Qaïda en Somalie sont quasiment décapités même si cela ne règle pas les problèmes immenses de ce pays en proie à l’anarchie. Deux jours plus tard, des kamikazes d’Al-Shabaab pénètrent grâce à deux véhicules maquillés en véhicules de l’Union Africaine et font sauter leurs véhicules devant la base de la force d’interposition faisant 21 morts et 40 blessés parmi les troupes kenyanes. La Somalie risque de devenir le champ de bataille permanent entre islamistes radicaux et modérés. Le sort de l’agent de la DGSE pris en otage par la milice Al-Shabaab devient critique alors même qu’elle exige en échange de sa libération l’arrêt de l’aide française au gouvernement de transition somalien.

mardi 4 août 2009

Clinton à Pyongyang, une visite qui tombe bien.

A bord d’un avion parti d’Anchorage, Alaska, Bill Clinton est arrivé en Corée du Nord, officiellement pour négocier la libération de deux journalistes américaines arrêtées alors qu’elles tentaient de pénétrer clandestinement dans le pays. En fait il s’agit du début d’une négociation globale avec la Corée du Nord qui, depuis plusieurs mois, multiplie les démonstrations de forces militaires et exige de discuter directement avec Washington son statut de puissance nucléaire. Des négociations critiques alors que le dirigeant suprême du pays, Kim Jong Il, se remet mal d’une congrestion cérébrale soignée par un médecin français. Son fils cadet devrait lui succéder dans des conditions exceptionnelles comme tout ce qui se passe dans cet étrange pays qu’est la Corée du Nord.

Chaque citoyen du pays sait qu’en 1942, à la naissance de leur leader actuel Kim Jong Il, un double arc en ciel est apparu au dessus de la montagne sacrée du pays, le mont Paedku. Un soldat de l’armée de son père, le fondateur du pays appelé le Grand Leader Kim IL Sung, grava sur un tronc d’arbre "Oh Corée, j’annonce la naissance de l’étoile de Paedku." L’enfant grandit dans l’ombre de son père vivant pleinement toute la difficulté d’être le fils de Dieu. A sa mort, le père fondateur fut momifié, installé dans l’immense palais de Kumsusan et nommé "Président pour l’éternité". En tant que descendant direct son fils lui succéda mais ce ne fut pas sans mal ! Le ministre des Affaires Etrangères dut déclarer : « le cher Leader (Kim Jong Il) est le Grand Leader (Kim Il Sung) et le Grand Leader est le Cher Leader » et le Parti de lancer un nouveau slogan « Kim Il Song est Kim Jong Il. » Pour assurer sa descendance, le jeune Kim Jong Il épousa plusieurs femmes qui lui donnèrent des fils et des filles. Leur nombre exact divise les rares experts du pays le plus secret de la planète mais tous s’accordent sur l’identité de son fils aîné King Jong Nam. Un temps présumé héritier, il perdit l’estime de son père en multipliant les voyages en occident. Arrêté à l’aéroport de Tokyo avec un faux passeport de la république dominicaine, il expliqua benoîtement qu’il voulait se rendre à Disneyland. Et la presse internationale de se gausser à la grande fureur du cher Leader. Son second fils Jong Chol est considéré comme trop efféminé pour jouer un rôle de leader, toute l’attention s’est donc portée sur le cadet nommé Kim Jong Un.


C’est le fils de la troisième femme du Cher Leader, la danseuse Ko Yong Hi, morte il y a quelques années d’un cancer du sein, ce qui a beaucoup peiné son mari. Le premier à avoir parlé du jeune Kim Jong Un est un cuisinier japonais qui a travaillé pour Kim Jong Il. Il nous le décrit comme un garçon très vif qui adore lui voler des cigarettes, est passionné par le base-ball et les films de Jean-Claude Van Damme.


En 1994, un jeune nord coréen intègre une école publique près de Berne en Suisse, précisément la ville où l’ambassade de Corée du Nord est la plaque tournante des activités du pays en Europe. Sous le pseudonyme de Pok Un, le jeune qui est en fait le fils de Kim JOng Il suit le cursus normal. Ses enseignants et ses camarades s’en souviennent comme d’un jeune homme sympathique mais réservé qui bluffait ses amis avec ses modèles de Nike dernier cri. Passionné de base-ball, il dessine pendant des heures des portraits de Michael Jordan et se révèle sur le terrain un joueur plein de fougue. Puis, comme il était arrivé, le jeune homme disparu en pleine année scolaire. La CIA pense qu’il a ensuite intégré une formation politico-militaire au sein de l’armée nord-coréenne.


Depuis les ennuis de santé de son père, le nom de Kim Jong Un apparaît de lus en plus dans les discours officiels, les écoles de Pyong Yang chantent ses mérites et de nouveaux slogans se répandent dans l’armée : "avec tout notre cœur nous protègerons Kim Jong Un le jeune général, le général du petit matin, l’héritier du sans de Paedku." Kim Jong IL s’appuie d’abord sur l’armée à qui il doit donner des gages pour assurer sa succession, c’est pourquoi le pays multiplie les lancers de missiles et poursuit son programme nucléaires. Le jeune héritier restera-t-il dans cette tradition d’agressivité ou bien sera-t-il influencé par les cours sur l’histoire de la démocratie suisse qu’il a suivis pendant trois ans. L’ex-président américain va-t-il rencontrer le jeune héritier ? Le voyage de Clinton est-il la première étape du dégel d’un pays replié sur lui-même persuadé d’être attaqué d’un jour à l’autre par ses voisins ?


La réponse à ces questions conditionne l’évolution d’une des zones les plus instables de notre planète.